La magie verte

C’ est à peine croyable… l’ activité industrielle peut rendre stériles des hectares et des hectares de terrain. Mais quand on la laisse faire, la Nature invente des plantes mutantes capables de réparer les dégâts  !
Ecoutez ça….
Certains sites industriels sont laissés volontairement à l’ abandon, car trop pollués.
Comme par exemple le site de Saint Laurent-le-Minier dans le Gard, aux portes de Montpellier.
Le bassin minier exploité depuis l’Antiquité a été fermé en 1991 parce que la terre était gorgée de plomb, de zinc, de cadmium, de thallium et autres métaux lourds, des substances toxiques à des taux cinq cents fois supérieurs à la norme européenne .

Et pourtant 20 ans plus tard, sans l’ ombre d’ une intervention humaine, ce sol sinistré a reverdi ! Mais pas vraiment à l’ image de la nature environnante. Seules quelques espèces de plantes locales ont occupé le terrain, çà et là : des fleurs blanc bleuté (Noccaea caerulescens), mauves (iberis intermedia) et jaunes (anthyllis vulneraria).
De vraies pompes à poison !
Intrigué par cette anomalie, un écologiste a alerté la communauté scientifique. Stupeur !
Non seulement ces plantes ont été capables de prospérer dans un milieu fortement dégradé, mais Noccaea caerulescens est devenue une championne de l’ extraction du zinc résiduel : elle aspire 10 kg de zinc enfoui par hectare ! Anthyllis vulneraria elle aussi a muté et stocke dans ses feuilles d’ étonnantes quantités de zinc (8% de sa « masse sèche »), tandis que Iberis intermedia pompe le thalium.
Du coup, cela a permis d’ envisager une nouvelle façon de restaurer le sol ; on a replanté puis semé des milliers de ces plantes sur le terrain contaminé.
Je précise que les procédés habituels de nettoyage (excavation et « lavage » des sols avec des produits chimiques) achèvent de tuer la terre qui, ensuite, ne peut plus servir ni à la production agricole, ni même à la mise en place de paysages naturels.
Rien de tel avec les plantes magiques ; une fois qu’ elles auront fait leur travail, d’ autres plantes pourront les remplacer, même si cela pourra prendre jusqu’ à 50 ans.
Des projets similaires sont lancés au Canada où le tournesol, le colza, le chou, le maïs, les peupliers et les saules emmagasinent les métaux lourds d’ anciens sites industriels.

Au Japon, le chanvre débarrasse le sol d’ éléments radioactifs dus à la catastrophe de Fukushima.
Mais ces plantes deviennent elles- mêmes des déchets empoisonnés….
Dépolluantes et recyclables !
A Saint Laurent-le-Minier on a trouvé la solution ! Une pionnière s’ est aperçue que les plantes « hyper accumulatrices » sont des candidates idéales pour la chimie verte.
 
Mme Grison, professeur de chimie à l’ université de Montpellier et chercheur au CNRS, a entrepris de les transformer, de manière écologique, pour l’ industrie pharmaceutique.

Le zinc devient ainsi chlorure de zinc, un produit nécessaire à l’ élaboration de nombreux médicaments anticancéreux, anti-inflammatoires.
Les fleurs dépolluantes sont recyclables !
La nature peut tout, même des miracles…